Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Maurice Kriegel-Valrimont (né le 14 mai 1914 à Strasbourg – décédé le 2 août 2006 à Paris), est le fils d’une famille émigrée de l’empire austro-hongrois. Il fait des études de droit et en 1934, quitte Strasbourg pour Paris où il travaille pour une compagnie d’assurance.

Député

Exclu en 1961

Il crée un syndicat dans son entreprise et à 23 ans, il est élu secrétaire général du syndicat CGT des employés d’assurances, qui compte alors plus de 10.000 adhérents à Paris.

Sous le régime de Vichy, il passe dans la clandestinité. En 1942, Maurice Kriegel-Valrimont rencontre Raymond Aubrac chez son frère à Toulouse, qui lui propose d'organiser la branche militaire du mouvement Libération en zone sud.  Kriegel participe ainsi à la mise en place des maquis de la zone sud, puis aux Mouvements unis de la Résistance (MUR). Arrêté avec Aubrac, interrogé par la Gestapo, il s'évade. Au printemps 1944, avec Pierre Villon et Jean de Vogüé, il devient l'un des trois commandants des Forces françaises de l'intérieur (FFI)

Lors de la Libération de Paris, il reçoit le 25 août 1944, avec Henri Rol-Tanguy et le général Leclerc, la reddition du général Von Choltitz, chef de la garnison allemande de Paris.

En 1945, il est membre de l'Assemblée consultative, et dirige Action, un journal dans lequel on retrouve les signatures de Claude Roy, Vercors, Roger Vailland…

Il est l’un des rouages essentiels de l’application du programme du Conseil national de la Résistance, notamment pour la création de la Sécurité sociale aux côtés de Ambroise Croizat.

Il est aussi vice-président de la Haute Cour de justice (1946) qui juge les dirigeants collaborationnistes.

Il est élu député de Meurthe-et-Moselle en 1946, en qualité de membre de l'Union progressiste. Maurice Thorez lui propose alors de devenir un élu du PCF. Kriegel-Valrimont accepte la proposition, intègre le comité central en 1947, et reste député communiste de Meurthe-et-Moselle jusqu'en 1958. Il devient le chef du bureau de presse du PCF jusqu'à la fin des années 1950. Ce bureau chapeaute alors L'Humanité (500 000 exemplaires), Ce Soir et les quotidiens régionaux, les hebdomadaires et l’agence de presse du pcf.

Il fait également partie du Mouvement de la paix, où il côtoie en particulier Laurent Casanova.

En 1955 déjà, il critique l'attitude du Parti communiste à l'égard du gouvernement Mendès France. Cela lui vaut de perdre la direction du bureau de presse.

Les rapports avec la direction du parti se tendent fortement après le XXe Congrès du PCUS (1956). Un de ses amis, Jean Pronteau, rentre de Pologne avec une traduction en français du rapport Khrouchtchev. Quelques jours plus tard, Pronteau rencontre Thorez et lui explique qu'il détient le rapport. Thorez répond que le document n'existe pas.

A l'intérieur du PCF, il milite en faveur d'une évolution de la ligne politique sur la base de la mise en cause du stalinisme dans le prolongement du rapport secret présenté par Khrouchtchev devant le XX° congrès du PCUS en 1956. La direction du Parti communiste français décide de priver Kriegel-Valrimont de toute responsabilité politique.

Maurice Kriegel, aux côtés de Laurent Casanova et de Marcel Servin, milite en faveur d'une évolution de la ligne politique du pcf, sur la base de la mise en cause du stalinisme, dans la ligne du rapport de Khrouchtchev. Il est alors écarté, le Comité central prenant prétexte de son refus d'affirmer que De Gaulle est un allié de l'impérialisme américain. Avec Servin et Casanova, il est accusé par la direction d'activités « fractionnistes » (tendance « khrouchtchévisme »).

Roland Leroy signe un article dans l’Humanité du 3 février 1961, où il dénonce les «déviations opportunistes» de Casanova, Servin et Kriegel-Valrimont.

Il est définitivement exclu de la direction du parti en mai 1961, à l'occasion du XVIe Congrès du pcf, dans le cadre de l'« affaire Servin-Casanova ».

Exclu du parti et de ses responsabilité, il fait des traductions, puis entre à la Caisse d'assurance maladie de Paris.

En 1970, il rompt le silence en signant, le 3 juin, avec Charles Tillon, Roger Garaudy et Jean Pronteau, une tribune condamnant l'intervention soviétique de 1968 en Tchécoslovaquie.

Il participe à la fin des années 1980 à des tentatives de rénovation du parti, soutenant Pierre Juquin.

En janvier 1998, il est réhabilité, avec l'ensemble des exclus du parti, par la direction du pcf. Le secrétaire général, Robert Hue, déclare alors, en Meurthe-et-Moselle : « Oui, le Parti communiste a été marqué, profondément et pendant longtemps, par le stalinisme […] Je veux exprimer toute ma satisfaction de la présence parmi nous de Maurice Kriegel-Varimont, dont toute la vie témoigne de la force de son engagement à gauche et de la fidélité à ses convictions. »

Le 8 mars 2004, il lance avec Lise London, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Philippe Dechartre, Stéphane Hessel, Georges Séguy, l’Appel des Résistants : « créer c’est résister, résister c’est créer ».

À quatre-vingt-cinq ans, il accepte d'être candidat sur la liste menée par Robert Hue aux élections européennes de 1999.

Maurice Kiegel-Valrimont décède en 2006 ; il est inhumé au cimetière du Montparnasse.

Maurice Kriegel-Valrimont est l'époux de Paulette Lesouëf, le père de la philosophe Blandine Kriegel, le beau-père du journaliste Alexandre Adler et le beau-frère de l'historienne Annie Kriegel.

Sources 

Maurice Kriegel Valrimont - Assemblée Nationale

Maurice Kriegel Valrimont - Wikipedia.

La disgrâce du camarade Kriegel-Valrimont. Héros de la Résistance, dirigeant du Parti, il est expulsé en 1961. Olivier Bertrand. Libération du 30 décembre 1998

Maurice Kriegel-Valrimont, jusqu’au bout l’esprit de rébellion. Rebelyon.

Mandats électifs

Député de Meurthe-et-Moselle : 21 octobre 1945 au 8 décembre 1958

Responsabilités au PCF

Membre du Comité Central du PCF.

Honneurs

Grande-Croix de la Légion d'honneur,

Le square Maurice-Kriegel-Valrimont (18e) est inauguré par Bertrand Delanoë, maire de Paris, le 24 août 2007, en présence de nombreuses personnalités.

Publications

Mémoires rebelles. Maurice Kriegel-Valrimont avec Olivier Biffaud, éd. Odile Jacob, Paris, 1999.

Bibliographie

Maurice Kriegel-Valrimont « Quand tout est à refuser, il faut dire non ». Michel Boissard, l'Humanité du 9 juillet 2010

Éloge de l’engagement : Maurice Kriegel-Valrimont. 11 décembre 2008, rediffusion d'un reportage de François Ruffin du 2 mars 2006.

« Maurice Kriegel-Valrimont ». Le Monde, 4 août 2006.

Liens externes

Un homme debout dans le siècle, L'Humanité, 4 août 2006

Maurice Kriegel-Valrimont : au nom de « l’unité de pensée», L'Humanité, 24 juin 1997

Éloge de l'engagement : Maurice Kriegel-Valrimont (extraits audio), Là-bas si j'y suis, 2 mars 2006 et 4 septembre 2006