Bernard Doray (né à Sisteron (Basses Alpes) le 3 août 1945, décédé à Ivry-sur-Seine (Val de Marne) le 3 juin 2021), fils d'un professeur de lettres classiques, suit des études de médecine à Grenoble.

Il s’engage à l'UNEF contre la guerre d'Algérie, à l’UEC, et adhère au PCF en 1967.

Il poursuit ses études à Marseille, où il découvre la médecine sociale de la clinique mutualiste de la Feuilleraie.

Il suit les cours l’Université nouvelle. Il est « ébloui » par Marxisme et théorie de la personnalité publié en 1969 par Lucien Sève qui va inspirer son désir de recherche en vue de constituer une psychologie scientifique qui intègre les questions du travail.

Il participe à un ouvrage collectif «Je, sur l'individualité : approches pratiques, ouvertures marxistes», en 1986.

En 1971 il part pour Paris pour étudier la neurobiologie dans le laboratoire de physiologie de la Salpétrière. Un bref passage d’une année ans à Saint-Anne le confronte aux pratiques anti-éthiques de la psychiatrie asilaire, qu'il participe à dénoncer en introduisant une journaliste de l'Humanité à l’hôpital psychiatrique, ce qui lui ferme l’accès à une carrière hospitalo-universitaire.

Reçu au concours de l'internat de psychiatrie, il se forme à Étampes dans le service de Tony Lainé. Il y découvre une psychiatrie humaniste, ouverte sur la cité, associant combats politiques et expériences thérapeutiques innovantes.

Il entame une analyse en 1974 dans la mouvance lacanienne, et passe sa thèse en 1975.

Sa thèse: «Problèmes de psychopathologie et d'organisation du travail » est préfacée par l'anthropologue Maurice Godelier, et est publiée dans La Pensée sous le titre «le taylorisme, une folie rationnelle». Il y montre cette «technique rapace de récupération des temps salariés non immédiatement utiles».

Il participe à l’activité de la Section économique du PCF et la revue Economie et Politique.

Après une première nomination de deux années en pédopsychiatrie à Maubeuge, il revient à Étampes où il effectue l’ensemble de sa carrière publique au CMP de Brétigny-sur-Orge, sans briguer de poste de chef de service, pour se préserver du temps pour la recherche.

Il interrompt sa carrière et bénéficie d’une bourse du CNAM et se forme à la recherche dans le laboratoire du professeur Wisner, pionniers de la psychopathologie du travail. Son objectif est de développer « une anthropologie matérialiste où pourrait se penser la dialectique entre la psyché et les rapports sociaux».

Membre du Syndicat de la Psychiatrie, il tente de construire des ponts entre les psychiatres progressistes et les luttes ouvrières, à l’image du mouvement anti-institutionnel italien de Franco Basaglia.

En 1981, il devient secrétaire de l’Association «le Cheval bleu » qui finance la présence d’artistes dans les hôpitaux psychiatriques, et anime des activités de création entre malades et non malades.

Au titre du Syndicat de la Psychiatrie, il participe à la commission Demay sur « l’avenir de la psychiatrie française » mise en place par Jacques Ralite, en 1982.

Il est nommé responsable des recherches en santé mentale à la Mission Interministérielle de Recherche Expérimentale (MIRE) mise en place par le gouvernement Maurois, et rattaché au ministère de la Recherche et de la Technologie.

Il rompt avec le PC en 1986, lorsque les dirigeants dont il était proche (Lucien Sève, Claude Poperen et Mireille Bertrand) sont jugés hors de la ligne du parti. Dans un courrier, il dénonce l’incapacité du PC à prendre en compte les évolutions de la société civile.

Il enquête sur l’introduction des nouvelles technologies dans l’usine automobile PSA de Poissy (1987). Contre le discours de la direction de l’entreprise, il défend le « traumatisme éthique » à l’origine du suicide sur son lieu de travail de Marie Cassat, une infirmière du service médical de l’usine Renault de Vénissieux, confrontée aux politiques de licenciement. (1992).

Il intervient comme conseil auprès du Secrétariat d’Etat aux Droits de la Femme en vue de construire un droit protecteur de la femme, contre le harcèlement sexuel au travail (1991) et milite à l’Association Européenne contre la violence faite aux femmes(AVFT).

Il participe à la création en 1995 du CEDRATE (centre de recherche et d’action contre les traumatismes) sous l’égide du Centre International de l’Enfance mis en place par Simone Veil.

Il est marié avec Conception Doray, psychanalyste.

 

Sources

Wikipédia – Bernard Doray

Psychiatrie, psychanalyse et communisme, site : bdr.parisnanterre.fr

Publications

Le taylorisme, une folie rationnelle, Dunod, 1981,

Psychanalyse et sciences sociales, avec Claude Louzoum, La Découverte, 1989,

Toxicomanies et lien social en Afrique : les inter-dits de la modernité, l'Harmattan, 1994.

Les traumatismes du psychisme et la culture, Eres, 1997.

L’inhumanitaire ou le cannibalisme guerrier à l’ère néolibérale, la Dispute, 2000.

La dignité. Les debouts de l’utopie, la Dispute, 2006.

Psychopathologie du travail : de la resymbolisation, Éres, 2011.