Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Jacques Doriot (né à Bresles (Oise) le 26 septembre 1898, mort à Mengen (Allemagne), le 22 février 1945), suit sa première scolarité à Creil (Oise).

Membre du BP
Exclu en 1934

Son père est forgeron et sa mère couturière.

En 1915, à l'âge de 17 ans, il s'installe à Saint-Denis et travaille dans plusieurs usines comme ouvrier métallurgiste. En 1916, il s'inscrit aux Jeunesses socialistes.

En avril 1917, il est mobilisé et en 1918, son unité est décimée au Chemin des Dames. Il est décoré de la Croix de guerre pour avoir ramené des lignes ennemies un camarade blessé, mais il est également condamné à un mois de prison pour indiscipline. Son unité part ensuite à l'Armée d'Orient, et il est démobilisé tardivement, en 1920.

Le congrès, deux mois avant la naissance du Parti communiste, décide la fondation des Jeunesses communistes, et Doriot, qui s’est fait connaître en proposant une motion, est élu membre suppléant du Comité directeur des JC.

Au moment du congrès de Tours, il se montre d'abord hostile à la scission et soutient une « motion de Saint-Denis », favorable à l'union. C'est au retour d'un congrès tenu en Allemagne qu'il se déclare partisan des thèses soutenues par la IIIe Internationale. Les postes de délégué à la propagande, de secrétaire par intérim et enfin de délégué au troisième congrès de l'Internationale communiste lui sont confiés au printemps 1921 par les jeunesses socialistes.

Après l’incarcération de plusieurs responsables des JC, Doriot assume la direction effective des JC au début de 1921. Il est envoyé à Moscou représenter son organisation au IIe congrès de l’Internationale communiste des Jeunes (ICJ), qui se tient en juin-juillet parallèlement au IIIe congrès de l’Internationale communiste. Il reste six mois dans la capitale soviétique, comme représentant des JC au Comité exécutif de l’Internationale communiste des Jeunes. En mars 1922, il est à nouveau à Moscou, où il est nommé secrétaire de cette instance ; comme tel, il siége (à vingt-trois ans !) au Présidium du CE de l’IC. Il demeure en Union soviétique jusqu’au IVe congrès de l’IC, auquel il assiste (5 novembre-5 décembre 1922). Quelques mois après, en mai 1923, il était secrétaire de la Fédération française des JC

En URSS, il voyage beaucoup, prend la parole à de nombreuses réunions politiques et fait la connaissance de Lénine.

Il travaille à la Communion des pays latins dont Trostki est le président. Après son exclusion en juin 1934, Doriot est souvent accusé de trotskisme par ses anciens camarades de parti.

Il joue un rôle clé dans le noyautage communiste de la Fédération sportive du travail, qui opte pour l'adhésion à l'Internationale rouge des sports et dont Doriot est plus tard président (1930-1934).

Doriot est sous le coup d’un nombre important de condamnations, surtout pour provocation de militaires à la désobéissance. Les députés communistes emprisonnés étaient alors libérés à l’ouverture des sessions parlementaires, et prenaient le large avant leur clôture Pendant plusieurs années, Doriot partage ainsi son temps entre la prison, l’ «illégalité», et les séjours à Moscou,

En 1923, Doriot, qui a alors 25 ans, est condamné à un an de prison pour avoir rédigé une série d'articles contre la guerre du Rif et appelant les soldats à désobéir.

Ses amis des JC de Saint-Denis, au premier chef Henri Barbé et Marcel Marschall, font pression sur la direction de la Fédération de la Seine et sur celle du parti lui-même pour que Doriot soit placé en bonne position sur la liste présentée par le parti dans le 4e secteur (banlieue) de la Seine, aux législatives de mai 1924.

Le PC place finalement Jacques Doriot au deuxième rang des dix-neuf candidats présentés dans le 4e secteur. Quelques jours après son élection comme député, il est sort de prison.

Doriot se spécialise très vite dans l’agitation anticolonialiste. Le 11 septembre 1924, Pierre Semard et lui-même, respectivement au nom du parti et des JC, expédient un télégramme resté fameux à Abd-el-Krim, qui le félicite pour ses succès contre les Espagnols de Primo de Rivera et l’incite à poursuivre « la lutte contre tous les impérialistes, français compris, jusqu’à la libération complète du sol marocain ». Doriot multiplie les discours anticolonialistes à la Chambre des députés

En 1924 et 1925, il apparaît comme très lié à Treint, participant de façon très active à la campagne de bolchevisation du Parti. Dans les instances de l’IC, après avoir été partisan de Trotski en 1923, il passe dans le camp de Zinoviev, au moment où ce dernier est le personnage le plus en vue de la troïka constituée après la mort de Lénine, et il apparaît au sein du parti français, comme l’homme de Zinoviev. Fin 1925, appelé à Moscou avec Henri Barbé, pour rendre compte de l’action des JC contre la guerre du Rif, Doriot reçoit les félicitations du Komintern. Un peu plus tard, au VIe Plénum de l’Internationale (février-mars 1926), il se range résolument aux côtés de Staline contre la gauche trotskiste.

Suite à de graves irrégularités constatées dans la gestion municipale, le maire Gaston Venet et deux adjoints, sont révoqués par un décret du ministre de l’Intérieur en janvier 1931. Doriot est élu maire par le conseil municipal de Saint-Denis, le 1er février 1931.

Aux élections législatives de 1932, alors que le parti subit un recul important, Doriot obtient une victoire franche et est le seul candidat communiste élu au premier tour.

Il profite de ce succès pour se rendre à Moscou et dresser un bilan sévère de l'état du Parti. Il met alors en valeur sa réussite personnelle afin d'obtenir la direction de toute la région parisienne, qui représente le tiers des effectifs du PC, mais le Komintern ne lui donne pas satisfaction.

Dès 1928, le Komintern impose aux partis communistes la nouvelle ligne, qui non seulement refuse toute coopération avec les partis sociaux-démocrates, mais encore les combats selon la thèse du « social-fascisme ». Doriot fait parti des dirigeants communistes qui expriment leurs réticences à l'égard de la tactique de « classe contre classe ».

En 1933, des pourparlers s'engagent entre socialistes et communistes en vue de l'organisation de débats publics sur le thème de l'unité ouvrière, mais ces échanges sont rompus. Il est pour un rapprochement avec la SFIO afin de permettre au Parti communiste de prendre la tête d'un mouvement de masse antifasciste. Mais l'Internationale continue de rejeter cette proposition, et Thorez rappelle que la SFIO, parti bourgeois, est un adversaire.

Après les émeutes du 6 février Doriot négocie avec les responsables de la SFIO à Saint-Denis, sans tenir compte des consignes du PC. Il crée ainsi un Comité de défense antifasciste avec des membres de la SFIO et du Parti radical et radical-socialiste.

En réaction, Thorez organise une réunion des responsables communistes de Paris pour faire rentrer Doriot dans le rang. Ainsi désavoué, Doriot démissionne de sa fonction de député-maire de Saint-Denis.

Le 11 avril, il rédige une lettre au Komintern pour exposer à nouveau sa volonté d'unir socialistes et communistes contre le fascisme. Il va même plus loin en présentant un projet alternatif, qui laisse de côté la révolution du prolétariat et vise à atteindre le pouvoir grâce à une politique fondée sur la collaboration des classes. L'Internationale convoque alors Doriot à Moscou, mais il refuse de s'y rendre. Le 19 mai 1934, L'Humanité l'accuse de préparer une scission sous couvert de « front unique ».

Le 27 juillet 1934, sous la pression des événements, l'Internationale adopte la politique d'alliance avec la gauche. Maurice Thorez, de retour de Moscou, abandonne la ligne « classe contre classe » et le 26 juin, prononce devant la conférence nationale du parti un discours affirmant la nécessité de conclure « à tout prix » un accord avec la SFIO afin d'« arracher les classes moyennes à la démagogie du fascisme ».

Le refus de Doriot d'aller à Moscou, ses désobéissances ne sont plus tolérées. Accusé de vouloir scinder le parti, Doriot est exclu du parti, sur proposition de Thorez, par une motion adoptée à l'unanimité, le 27 juin 1934.

Lors des élections municipales partielles de mai 1934, Doriot est discrètement soutenu contre le PCF, par Ludovic Barthélémy, grand adversaire du début des années 1930, membre du Redressement français. Doriot est réélu maire Saint Denis contre la liste du PCF.

Son exclusion provoque un déchirement chez Doriot mais surtout une soif de vengeance contre la direction du parti. Encore acteur du jeu politique, il craint de se faire évincer par l'union en cours de formation entre les deux grands partis ouvriers. En réaction, Doriot décide de surenchérir dans l'unité ouvrière ; le 5 juillet 1934 il lance le mot d'ordre « une seule classe, une seule CGT, un seul parti ». Pour diffuser son point de vue, il utilise son journal L'Emancipation nationale et cherche à constituer un parti de synthèse, refusant toute fusion dans un parti existant.

Sa politique de lutte contre le communisme devient de plus en plus nette et s'accompagne d'une promotion de la paix, thème qui passe alors au premier plan de sa propagande. Dans la foulée, il affirme une volonté d'entente avec l'Allemagne nazie.

Les élections de 1936 confirment sa situation précaire et sa perte d'influence.

Peu après ces élections, Gabriel Le Roy Ladurie, président de la banque Worms, prend contact avec lui. Il représente les grandes entreprises qui voudraient détruire l'assise du Front populaire, et demande à Doriot de former un parti politique pour l'aider dans cette manœuvre. Doriot crée le Parti populaire Français (PPF). Les 27 et 28 juin, il présente le PPF à quelques centaines de personnes. Ce parti se définit comme un mouvement de rassemblement national visant à regrouper tous les Français sauf les dirigeants communistes pour assurer au pays la paix et l'indépendance.

À l'origine, le PPF apparaît initialement comme rival du Parti communiste. Il faut lutter «contre les deux cents familles capitalistes et contre l'état-major communiste, parfois complices contre le pays», affirme-t-il. Outre l'anticommunisme, le PPF se caractérise par un nationalisme vaguement antiparlementaire, et affirme rejeter le fascisme et l’antisémitisme. Soutenu financièrement, par des banques d’affaires d’outre-mer et par le Comité des forges, puissante organisation patronale de la sidérurgie, le parti est sociologiquement très hétéroclite, comprenant d’anciens ouvriers, des grands bourgeois et des aristocrates.

Il faut noter que si le PPF refuse de se doter d'une organisation paramilitaire, il met en place des rituels fortement inspirés des mouvements fascistes : le salut quasi similaire au salut romain (repris par les fascistes et les nazis), le cri « En avant, Jacques Doriot », l'existence d'un insigne, d'un drapeau, d'un hymne et surtout d'un serment de fidélité.

Au tournant de 1937, Doriot élabore une nouvelle tactique, faisant nettement glisser le parti vers la droite. Se posant en défenseur des libertés menacées par les communistes, il les accuse d'empêcher l'exercice des droits d'expression et de réunion et lance la formule du « Front de la liberté », pour appeler à un rassemblement des droites.

En mai 1937,  une enquête administrative, diligentée par le ministre de l'Intérieur Marx Dormoy, met au jour des irrégularités dans la gestion de la mairie de Seine Denis. Doriot démissionne alors du conseil municipal et parvient à organiser de nouvelles élections. Il subit une défaite face au communiste Fernand Grenier, ce qui marque le retour de Saint-Denis dans le giron communiste.

Le PPF se transforme progressivement et tend à se rapprocher des modèles fascistes.

Doriot se prononce pour les accords de Munich, ce qui provoque une scission au PPF.

Le 3 septembre 1939, Doriot est mobilisé. Il affirme que le but des Alliés doit être de supprimer la puissance allemande mais ajoute que Staline est tout autant l'ennemi qu'Hitler. Quand la Wehrmacht passe à l'offensive le 10 mai 1940, le PPF appelle à défendre le territoire et le sergent-chef Doriot se bat sur la Loire entre les 17 et 20 juin, sa bravoure lui permettant de recevoir la Croix de guerre, avec citation à l'ordre du corps d'armée36.

Après la signature de l'armistice en juin 1940, Doriot cherche à obtenir une place dans le gouvernement de Vichy. Mais il est tenu à l'écart.

Marcel Déat, partisan de la mise en place d'un parti unique, se rapproche de Doriot, mais cette initiative reste sans suite, en raison du refus du maréchal Pétain.

Doriot regagne Paris en 1940 et s'attache à remettre sur pied le PPF, désorganisé par la défaite. À la mi-octobre, il lance Le Cri du peuple, un journal qui doit servir à attirer la classe ouvrière en profitant de l'absence de L'Humanité. Mais le PPF ne se développe pas.

Doriot crée aussi un Rassemblement pour la Révolution nationale (RNRN), composé d’anciens communistes passés au PPF ou désireux de s'en rapprocher : Marcel Gitton (ex-secrétaire du PC), Jean-Marie Clamamus, Marcel Capron, André Parsal, Marcel Bront, Fernand Soupé, Albert Clément, Émile Nédélec. Mais certains vont le quitter (Clamamus, Capron, Gitton) début 1941, pour créer le Parti ouvrier et paysan français, regroupant plus spécifiquement les communistes collaborationnistes.

Progressivement, Doriot entre en relation avec les Allemands, qui lui apportent l'appui et les ressources matérielles nécessaires à sa survie politique. Cependant, les Allemands ne soutiennent pas le PPF car ils ne souhaitent pas l'émergence d'un mouvement politique puissant qui rendrait à la France sa force

Malgré le défaut de soutien de l'ambassade allemande, le PPF accentue sa position de collaboration et affiche sa confiance dans la victoire de l'Allemagne.

L'attaque de l'Allemagne contre l'URSS le 22 juin 1941 le fait définitivement passer dans le camp allemand et le collaborationnisme, qui va au-delà de la collaboration et prône une entrée en guerre aux côtés de l'Allemagne. Le 8 juillet 1941, Doriot appuie la création de la Légion des volontaires français (LVF), sous l'uniforme allemand. Il s'engage lui-même et effectue de longs séjours (18 mois au total) sur le front de l'Est en 1943 et 1944. Il est décoré de la croix de fer. Il devient de plus en plus antisémite.

En 1942, Doriot fait échouer la tentative de Déat de constituer un front uni des partis collaborationnistes.

Après le débarquement allié en Normandie, Doriot s'exile en Allemagne.

Le but de Doriot, dès son exil en Allemagne, doit être l'avènement d'un « État populaire français », exempt des vices de Vichy. Doriot, Déat et Fernand de Brinon rencontrent le Führer en septembre 1944 afin de mener à bien ce projet.

Cependant ces manoeuvres n’aboutissent pas et il annonce la création, à Constance, le 6 janvier 1945, d'un Comité de libération française, réplique collaborationniste de l'entreprise gaulliste en Angleterre. Ce Comité doit rassembler le petit groupe des exilés de Sigmaringen et assurer le pouvoir au chef du PPF. Cependant, plusieurs dirigeants collaborateurs restent réticents : Déat, l'éternel rival, Darnand, le chef de la Milice française. Aussi, rendez-vous est pris avec Déat le 22 février 1945.

Doriot est tué, à 47 ans, le 23 février 1945, par les balles d’un avion anglais (ou allemand), en se rendant à Mengen, près de Sigmaringen, pour y rencontrer Marcel Déat.

Doriot est inhumé au cimetière de Mengen. En 1961, des soldats d'occupation, découvrant sa tombe, la piétinent et la souillent. Peu après, une ordonnance de l'armée française interdit de l'entretenir, puis elle finit par tomber dans l'oubli.

Cependant, Victor Barthélemy et Marcel Marshall ont continué jusqu'à leur disparition, à organiser tous les 22 février une cérémonie à la mémoire de celui qui a été leur chef.

 

Sources

Jacques Doriot – Wikipédia

Jacques Doriot – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean-Paul Brunet

Jacques Doriot – Assemblée nationale

Responsabilités au PCF

Membre du Comité directeur des JC :

Secrétaire de la Fédération des jeunesses communistes : 1923-1924,

Membre du Comité directeur puis du Bureau politique (1924-1934)

Responsabilités électives

Député (PCF) : 1er juin 1924 –1934

Député (Non inscrit) : 1934 - 1937

Maire de Saint-Denis (PCF) : 1er février 1931 – 25 mai 1937

Honneurs

Croix de guerre 1914-1918

Croix de guerre 1940-1945

Publications :

L'Armée et la défense du capitalisme, La Cootypographie/Paris, Librairie de l’Humanité, 1924.

Le Militarisme français à l'œuvre au Maroc. Librairie de l’Humanité, 1925.

Les Colonies et le Communisme, Montaigne-Aubier, 1929.

Les Communistes et le Chômage, Bureau d’éditions, 1932.

La France ne sera pas un pays d'esclaves, Les Œuvres françaises, 1936.

Toutes les preuves. C'est Moscou qui paie, Flammarion, 1937.

Le Front de la Liberté face au communisme, Flammarion, 1937.

Le Mouvement et les hommes,  Éditions de France, 1942.