Fils d’un sous-préfet, Robert Antelme (né à Sartène (Corse du Sud le 5 janvier 1917, mort à Paris le 26 octobre 1990) commence des études de droit, puis fait son service militaire (1938-1939).
Ecrivain, Résistant Exclu en 1950 |
Le 23 septembre 1939, il épouse Marguerite Duras (née Marguerite Donnadieu) et s’engage avec elle en 1943, dans la Résistance, au sein du réseau fondé par François Mitterrand, le Mouvement national des prisonniers de guerre (MNPDG).
Arrêté par la Gestapo le 1er juin 1944 (dans la même vague d’arrestations, figure sa sœur Marie-Louise qui meurt en déportation), il est interné à Fresnes (Val-de-Marne) avant d’être déporté à Buchenwald (Allemagne), puis affecté dans un Kommando du camp, à Gandersheim. Il est transféré à Dachau (Allemagne), en avril 1945, avec 450 autres prisonniers, au cours d’une «marche de la mort» qui dure plus de trois semaines. C’est là qu’il est découvert quelques jours plus tard, le 1er mai 1945, dans un état d’affaiblissement extrême (il pèse trente-huit kg), par François Mitterrand en visite officielle (ce dernier est interpellé par une voix de mourant, celle d’Antelme, un homme qu’il ne reconnaît pas tout de suite). Son rapatriement, à moitié légal (le camp est en quarantaine), est organisé par ses amis Georges Beauchamp et Dyonis Mascolo.
Rentré à Paris, Robert Antelme se met à la rédaction de son unique oeuvre, L'Espèce humaine, livre de référence sur les camps de concentration, paru en 1947 aux Editions de la Cité Universelle (Edition qu’il fonde avec Dionys Mascolo et Marguerite Duras)
Après un lent rétablissement rue Saint-Benoît où le couple habite jusqu’au divorce, le 24 avril 1947, Antelme reprend une activité politique, en entrant au printemps 1946, au Parti communiste français (dont il est un permanent entre 1948 et 1950). Il collabore à la revue Les Temps moderne.
Il participe à la même époque au Groupe d’études marxistes auquel participent certains de ses amis les plus proches : ce groupe informel de réflexion, assez éloigné de l’orthodoxie communiste, rassemble, outre Marguerite Duras et Dyonis Mascolo, des personnalités comme Edgar Morin, Elio Vittorini, Claude Roy.
En 1950, Antelme (ainsi que Monique Règnier, sa nouvelle épouse), Mascollo et Duras sont exclus du PCF. Antelme et Maccollo font appel de leur mise à l’écart. Au terme d’une longue procédure, le secrétariat fédéral de la Seine, le 17 janvier 1951, décide un blâme et suspension d’un an. Sollicités, au terme de cette année d’exclusion, pour réintégrer le PCF, les exclus refusent de revenir au parti.
Antelme entre en 1951, chez Gallimard comme lecteur correcteur de l’Encyclopédie de la Pléiade, dirigée par Raymond Queneau. Il y reste jusqu’en 1981.
Il devient également critique pour l’ORTF, une activité qu’il exerce pendant une dizaine d’années.
À partir de 1955, il participe à l’animation du Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre d’Algérie à la fondation duquel il a pris part, et qui rassemble aussi bien François Mauriac que Roger Martin du Gard. En 1958, il participe, en compagnie, entre autres de Maurice Blanchot ou de Louis-René des Forêts, à la brève aventure de la revue Quatorze juillet, opposée à la prise du pouvoir par De Gaulle.
Le 6 septembre 1960, il signe le Manifeste des 121, titré «Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie», publié dans le magazine Vérité-Liberté.