Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

 Georges Guingouin (né le 2 février 1913 à Magnac-Laval (Haute-Vienne), mort à Troyes (Aube) le 27 octobre 2005), fils d’un sous-officier de carrière et d’une directrice d’école primaire, entre à l’École normale d’instituteurs de Limoges, en 1931.

    
Instituteur, Résistant
Exclu en 1952

Il est le seul Normalien à participer à la grève du 12 février 1934 en réponse à l’émeute insurrectionnelle du 6 février.

Il est nommé, en octobre 1935, instituteur à l’école mixte de Saint-Gilles-les-Forêts (Haute-Vienne).

Il adhère au PCF (sans doute vers 1935) et devient membre du Comité fédéral.

Surpris par le Pacte germano-soviétique, il pense que « de la part de Staline c’était une ruse pour gagner un temps précieux ».

Il est mobilisé et le 18 juin 1940, blessé à l’arcade sourcilière, il est hospitalisé. Il quitte l’hôpital pour éviter d’être fait prisonnier.

De retour à Saint-Gilles-les-Forêts, il réorganise l’ancien rayon communiste et, en août 1940, rédige un « Appel à la lutte ».

En septembre 1940, ayant repris contact avec l’appareil clandestin du parti, il devient secrétaire fédéral responsable pour la Haute-Vienne, et s’occupe plus particulièrement de l’édition de l’Humanité zone sud.

Dès septembre 1940, il critique la décision de la direction du PCF de faire reproduire le n° 9 de La Vie du Parti où on pouvait lire, dit-il, cette affirmation incroyable : « nous avons plus de possibilité d’action vu le transigement des occupants ».

Il est condamné par contumace, le 26 janvier 1942, aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de la 20e division militaire siégeant à Périgueux.

Après l’entrée en guerre contre l’URSS, Guingouin pense qu’il était temps de passer à la résistance armée. Avec quelques armes récupérées, il crée fin 1941 les premiers groupes armés en Haute Corrèze qu’il appelle Francs-Tireurs. Responsable politique de la Haute-Corrèze, Guingouin crée les premières bases paysannes de l’organisation militaire, notamment, le maquis de la forêt de Châteauneuf-la-Forêt (Haute-Vienne). « J’étais fier de cette action entreprise quand en mars 1942 un des dirigeants du PC clandestin de la zone sud, Gabriel Roucaute lui déclare qu’il est dans l’erreur la plus complète, que c’est dans les villes que devaient être constitués les groupes armés ». Guingouin décide de rester avec ceux qu’il a entraînés dans la lutte et il revient dans le secteur d’Eymoutiers pour y mener une action autonome. Ainsi eurent lieu : le 25 janvier 1943 l’enlèvement d’explosifs à la mine de Saint-Léonard, le 13 mars la destruction d’une pile du viaduc de Bussy-Varache, le 8 mai celle de l’usine Vattelez de régénération du caoutchouc de Palais sur Vienne, le 14 juillet un câble téléphonique reliant Bordeaux à Berlin fut sectionné. Les partisans sont par la suite mieux armés après les parachutages de Londres. Pour obtenir l’appui de la population, Guingouin, appelé « Préfet du maquis », publie des arrêtés fixant les prix des denrées alimentaires, détruisant le matériel agricole qui permet les réquisitions de foin et de blé. Des embuscades sont tendues en plein jour et les maquisards procèdent à des contrôles d’identité.

En 1944, c’est la Haute-Vienne qui présente le plus grand nombre de résistants armés : 8 000 hommes environ. Devenu chef départemental des FTPF de la Haute-Vienne, c’est lui qui assure le commandement des trois mouvements de résistance militaire – FTP, AS, ORA – formant les Forces françaises de l’intérieur de la D 4-R 5.

En août 1944 se pose la question de la libération de Limoges qui donne lieu à un nouveau conflit entre Guingouin et le PC. Le 2 mai 1944 a eu lieu une réunion des responsables régionaux de la Résistance. Pierre Girard y représente le PC, le responsable de la zone sud étant Léon Mauvais. Un ordre de mobilisation est prévu. Léon Mauvais envoie Molinier qui transmit l’ordre de prendre les chefs-lieux de la Creuse, la Corrèze et la Haute Vienne. Mais ce qui s’était passé à Tulle et à Oradour-sur-Glane amène Guingouin à surseoir à la prise de Limoges en exposant les deux tactiques possibles : ou l’attaque frontale, sachant que Meier, chef de la Gestapo, se proposait de fusiller les résistants emprisonnés, ou l’encerclement en engageant des pourparlers avec le général allemand Gleiniger. C’est cette deuxième qui est mise en œuvre  et Guingouin obtient la capitulation le 21 août. Il apparaît alors comme le libérateur de Limoges (mais il avait désobéi). Il devient officiellement lieutenant-colonel commandant de la 4e brigade FFI.

Tandis que ses hommes continuent le combat dans les « poches » de l’Atlantique ou sur les rives du Rhin, Guingouin est grièvement blessé au cours d’un accident de voiture, le 20 novembre 1944 et hospitalisé à Limoges.

En mars 1945, il est désigné comme secrétaire fédéral à l’organisation. Aux élections municipales, sa liste UPRA arrive en tête devant la SFIO et le MRP. Guingouin devient maire de Limoges, le 17 mai.

Cependant ses rapports avec le parti ne s’améliorent pas. C’est ainsi qu’il n’est pas proposé pour siéger au CC lors du Xe congrès du PCF de juin 1945. Il ne figure pas non plus sur la liste conduite par Marcel Paul à l’élection du 21 octobre 1945 pour la 1re Assemblée nationale constituante. Enfin à l’assemblée des élus municipaux communistes de France, le 12 novembre suivant, il est l’objet d’une violente attaque de la part d’Auguste Gillot. Finalement, il est relevé de son poste de secrétaire au congrès fédéral du 16 décembre 1945, restant toutefois membre du bureau fédéral. Deux ans plus tard, aux élections municipales du 19 octobre 1947, il perd la municipalité de Limoges au profit de Betoulle qui avait été maire avant 1939, demeurant cependant conseiller municipal.

En 1951, aux législatives, il figure en troisième position sur la liste communiste, et il n’est pas élu.

Le 28 octobre 1949, il lit et remet à Maurice Thorez, en présence de Léon Mauvais, un rapport demandant un débat sur les erreurs commises pendant la guerre. Aucune discussion de ce rapport n’eut lieu devant la commission centrale de contrôle politique. Dans une réunion du comité fédéral départemental à laquelle participe Waldeck Rochet, celui-ci lui lance un ultimatum : « Georges Guingouin accepte-t-il la décision de la direction du Parti de considérer que toutes les questions se rapportant à la période de la clandestinité et de la Libération sont tranchées et que les décisions prises par le Parti à l’époque ne doivent pas être remises en cause ? ». En présence de Waldeck Rochet, Guingouin est relevé de ses fonctions au comité fédéral et au comité de section.

Privé de toute fonction rétribuée, il demande sa réintégration dans l’enseignement et est nommé instituteur au Vistrat, commune de Saint-Laurent-les-Églises. Redevenu simple adhérent, n’ayant plus de cellule, sa cellule, lui ayant donné raison, étant dissoute. Par la suite, il est exclu par une autre cellule le 10 novembre 1952. Le comité fédéral publie le 12 novembre dans L’Écho du Centre (quotidien du parti communiste à Limoges) un texte stigmatisant les « prétentions sans bornes » de Guingouin qui prétend avoir été à l’origine des premiers groupes FTP en Haute Vienne et qui ment en affirmant avoir sauvé Limoges.

Début 1953, le 13 janvier, il démissionne du conseil municipal de Limoges et, le 15 mars, de l’Association des anciens FTP qui allait l’exclure le 22 mars suivant. En octobre, il abandonne ses fonctions d’instituteur en Haute-Vienne et prend un poste au pays de sa femme à Montiéramey (Aube).

Le 24 décembre 1953, Guingouin est convoqué devant le juge d’instruction de Tulle (Corrèze) au sujet d’affaires de meurtres non élucidées à l’époque de la Résistance.Il est arrêté et incarcéré à la prison de Brive. En fait, l’offensive contre Guingouin avait commencé dès fin 1945 lorsque Jean-Louis Vigier, directeur du journal L’Époque, y publie un article titré : «Banditisme et lâcheté : le soviet limousin ». Guingouin le poursuit en diffamation mais à l’audience du tribunal correctionnel, le 18 mars 1946, le Garde des Sceaux Teitgen fait état d’une information contre X à propos des crimes imputés à Guingouin par L’Époque et demande de surseoir au procès. Cependant, malgré la défaillance inattendue de Joë Nordman, l’avocat conseillé par le PCF, Guingouin gagne son procès en mai 1947, la Cour relevant la perfidie et la mauvaise foi de Vigier.

En 1953, Guingouin est impliqué dans une sombre affaire judiciaire, l’affaire de Domps et Chamberet, noms de personnes qui auraient été assassinées par la Résistance. Le dossier est à charge et monté de toutes pièces par d'anciens collabos,

Transféré à la prison de Brive (7-8 mai 1953), il est mis en liberté provisoire le 14 juin.

Inculpé d’assassinats le 31 janvier 1956, la procédure dure encore cinq ans. L’opinion fut alertée par Claude Bourdet (France Observateur du 3 février 1955). Emmanuel d’Astier de la Vigerie intervient à l’Assemblée Nationale le 9 mars, mettant en cause « certains magistrats, certains policiers, une certaine presse, certains parlementaires derrière lesquels il y a les responsabilités gouvernementales ». Des comités de défense se constituent dans le Limousin et d’autres soutenus par la Ligue des droits de l’Homme et le SNI. Le fils d’un fusillé, Roland Dumas, est adjoint à la défense. Il faut attendre le 19 novembre 1959 pour que le substitut Thomas déclare enfin qu’il ne comprenait pas « comment des poursuites avaient pu être engagées contre Guingouin ». Le non-lieu est prononcé mais aucune enquête judiciaire n’a été lancée contre les origines de cette magouille policière.

Le 27 mars 1957, Guingouin donne son adhésion au Mouvement communiste démocratique et national d’Auguste Lecœur et de Pierre Hervé. En 1961, il fait une tentative auprès du secrétaire général de Maurice Thorez. On lui offre, affirma-t-il, « de le réintégrer dans le Parti, moyennant son silence ». « Léon Feix et Pierre Doize vinrent me voir, m’offrant la carte du Parti sous condition de renonciation à ma tentative d’amener la direction du PC à faire son autocritique. J’ai maintenu ma position. »

Georges Guingouin se consacre ensuite à sa tâche d’éducateur ». Il prend sa retraite en 1969.

Les attaques contre Guingouin reprennent en avril-mai 1985 à partir d’un numéro du Crapouillot s’appuyant sur le livre de Robert Aron (Histoire de la Libération de la France), dont des historiens comme Peter Novick ont pourtant montré les erreurs, et sur un rapport national de la gendarmerie de mars 1946 qui amalgamait, pour compter les victimes de 1944, les exécutions des collaborateurs et celles des résistants par les Allemands ou la Milice (c’est ainsi que les 642 victimes d’Oradour-sur-Glane sont comprises dans ce bilan !). Une plainte est déposée par Guingouin qui reçoit le soutien de tous les membres du Conseil général de la Haute-Vienne, en dépit de leurs divergences politiques.

Georges Guingouin fonde en 1987, l’Association des amis du musée de la Résistance de Limoges qui émet régulièrement un bulletin.

Le 25 janvier 1998, Robert Hue, secrétaire national du PCF, prononce un discours où il cite d’anciens communistes, dont Guingouin, injustement sanctionnés, et le 6 février, dans une lettre publiée le 13 dans l’Humanité, il écrit à Guingouin : « Je tiens à vous confirmer à vous personnellement combien le PC reconnaît la gravité du tort qu’il a fait… Nous savons quels procédés ont été utilisés et mesurons toute l’injustice que représente votre exclusion. »

Le 30 janvier 2003, enfin, Marie-Georges Buffet, qui avait succédé à Robert Hue, lui souhaite un bon anniversaire pour ses quatre-vingt-dix ans et réaffirme que Guingouin avait été victime et avait injustement souffert des erreurs de son parti. Elle rappelait que toutes les exclusions politiques antérieures étaient nulles et non avenues.

Il signe en 2004, pour le 60e anniversaire du programme du CNR, un appel « Créer c’est résister, résister c’est créer » avec, entre autres, Lucie et Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, Kriegel-Valrimont, Germaine Tillion…

Enfin, le 2 juin 2005, Guingouin reçoit la cravate de commandeur de la Légion.

Georges Guingouin s’est marié avec Henriette Montagne, institutrice (décédée en avril 2004).  Ils ont eu trois filles : Michèle, vice-présidente des Amis du musée de la Résistance de Haute Vienne, Claude et Joëlle.

 

Sources

Wikipédia – Georges Guingouin

Maitron – Georges Guingouin notice de René Lemarquis

Responsabilités au PCF

Secrétaire fédéral de la Haute-Vienne : septembre 1940

Secrétaire fédéral à l’organisation : 1945

Membre du Comité central :

Mandats électifs

Conseiller municipal de Limoges : 6 mai 1945-13 janvier 1953

Maire de Limoges : 17 mai 1945-octobre 1947

Honneurs

Commandeur de la Légion d’honneur : 2 juin 2005

Compagnon de la Libération

Le peintre limousin Paul Rebeyrolle, lui a dédié en 1987 une œuvre monumentale intitulée Le Cyclope : hommage à Georges Guingouin.

Le 5 décembre 2005, le conseil municipal de Limoges décide qu’un rond-point, à Feytiat, une avenue et un pont de Limoges au-dessus de la Vienne portent le nom de Georges Guingouin.

Le 25 septembre 1998, le collège d'Eymoutiers est devenu le collège Georges-Guingouin.

En 1998, il inaugure lui-même à Magnac-Laval la rue qui porte son nom.

L'école communale de Saint-Laurent-les-Églises où Georges Guingouin et sa femme ont enseigné en 1952/1953, porte une plaque commémorative à leur nom.

La place devant la gare de Saint-Junien porte le nom de Georges Guingouin.

Une école maternelle et une école élémentaire de Sainte-Savine, commune de la banlieue de Troyes où il habitait à la fin de sa vie, portent le nom de Georges Guingouin.