Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Pierre Seghers (né à Paris le 5 janvier 1906 et mort à Créteil (Val de Marne) le 4 novembre 1987), fait sa scolarité à Carpentras (Vaucluse) et passe son bac à l'âge de 16 ans.

Editeur
Quitte le PCF en 1946

Les Seghers sont originaires de la région d'Anvers. Pierre Seghers descend d'une branche de cette famille installée dans le nord de la France au milieu du XIXe siècle. Parmi les Seghers, on compte 3 célèbres peintres flamands du XVII siècle.

Très jeune, il est contraint de gagner sa vie. Il est d'abord brièvement clerc de notaire à Carpentras, puis surnuméraire dans l'administration du Cadastre.

En 1925, il est muté à Paris par son Administration, à 19 ans.

Son service militaire achevé, il quitte l'Administration, retourne à Carpentras et se fait embauché par un oncle de sa femme qui lui enseigne tout sur le métier de voyageur de commerce. Rapidement, il se met à son compte et vend du matériel pour bars et hôtels. Pendant 10 années, il sillonne le sud de la France pour développer son négoce : «une dizaine d'années passées de tabourets en tabourets, à courir d'hôtellerie en auberge, à prendre l'existence à bras-le-corps, dix années de bonheur fou à vivre comme un homme.». Sa vie de couple ne résiste pas à ces voyages incessants.

Pendant toutes ses années de voyageur de commerce, il écrit «de mauvais poèmes dans les cafés, dans les salles d'attente, dans les trains».

Vers 1930, Pierre Seghers fait la connaissance aux Baux-de-Provence du typographe et graveur Louis Jou. En 1932, le père de Pierre Seghers, ruiné, solitaire et dépressif se suicide. Louis Jou deviendra alors pour Seghers plus qu'un maître en édition, un père spirituel.

Seghers s'installe à Villeneuve-lès-Avignon en 1934. En 1937, venant de franchir le cap des 30 ans, il rassemble ses poèmes en un recueil qu'il nomme Bonne Espérance. Faute de trouver un éditeur, il décide en 1938 de créer une maison d'édition, Les Editions de la Tour, afin d'éditer ce recueil.

Soldat de 2e classe, il est mobilisé le 6 septembre 1939 à la caserne Vallongue à Nîmes. Il s'aperçoit que 25 ans plus tôt, en septembre 1914, un autre poète était mobilisé dans cette même caserne : Guillaume Apollinaire. Marqué par ce clin d'oeil du destin, « n'étant utile à rien, figurant sans emploi dans une mascarade, je décidai de me trouver à moi-même des buts. Ainsi naquit l'idée de fonder une revue de poètes-soldats ».

À Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), il publie en novembre 1939, le premier numéro de Poètes Casqués ou P.C. 39. Imprimée à 300 exemplaires, Poètes Casqués, se veut la revue des « poètes de la Résistance, ouverte à toutes les voix ». Le succès est immédiat. Louis Aragon est l'un des premiers abonnés ; il adresse à Seghers en décembre 1939, pour le numéro suivant de la revue, le manuscrit d'un long poème inédit : Les Amants séparés. Le chroniqueur littéraire André Billy salue cette jeune revue dans Le Figaro. Plusieurs écrivains écrivent à Seghers ou s'abonnent pour l'encourager : Jean Paulhan, Max Jacob, Jules Romains, Armand Salacrou ou bien encore Gaston Gallimard. Chaque numéro de la revue rend hommage à une figure tutélaire qui fut liée à la première Guerre mondiale : Péguy, Alain Fournier, Apollinaire, Alan Seeger, etc.

Démobilisé en zone sud, Seghers retourne s'installer à Villeneuve-lès-Avignon. Il a entendu l'appel du général de Gaulle, mais décide de résister de l'intérieur avec les armes qui sont les siennes : développer la revue Poésie et s'en servir pour « rassembler tous ceux qui veulent maintenir l'espérance ».

Seghers élargit son projet éditorial. P.C. 39 cède la place à P.C. 40 qui devient, après l'Armistice de juin, Poésie 40, Poésie 41, etc.

À la fin de l'été 1941, Aragon et Elsa Triolet séjournent chez Seghers à Villeneuve-lès-Avignon. Aragon y achève Le Crève-Coeur et compose le recueil Les yeux d'Elsa que Seghers publie. Il publie aussi deux nouvelles d’Elsa Triolet : Mille regrets et Le Destin personnel. Le 23 octobre 1941, apprenant l'exécution des otages de Châteaubriant, Seghers rédige le poème Octobre qui sera publié à plusieurs reprises pendant la guerre.

Pendant l'Occupation, l'habileté de Seghers consiste à avoir constamment deux fers au feu. Tandis qu'il poursuit ouvertement un travail d'éditeur, soumettant à la censure allemande les livres de poésie, des ouvrages plus subversifs paraissent avec un faux visa de censure.

Par ailleurs, il confie ses poèmes à des revues clandestines et signe de pseudonymes. En 1943, plusieurs de ses poèmes (Octobre, Paris-Pentecôte, Le beau travail, Un prisonnier chantait) paraissent sous le nom de Louis Maste et de Paul Ruttgers aux Éditions de Minuit clandestines, dans L'Honneur des poètes, anthologie dirigée par Paul Éluard.

Seghers quitte Villeneuve-les-Avignon et s'installe à Paris dès la Libération en août 1944. Il installe à Montparnasse sa jeune maison d'édition, d'abord boulevard Raspail, puis rue de Vaugirard.

L'édition se présente d'abord pour Seghers comme le prolongement naturel de sa revue clandestine. Mais rapidement un coup de génie éditorial va bouleverser la structure même de son entreprise : l'invention, en mai 1944, de la fameuse collection Poètes d'aujourd'hui. Initiée par le volume consacré à Paul Éluard (il fut tiré à plus de 300 000 exemplaires), la collection a pour vocation de rendre les poètes et la poésie accessibles au plus grand nombre. Un format inhabituel, presque carré (15,5 cm × 13,5 cm), en fait un livre de poche avant l'heure.

Seghers adhère au PCF à l’automne 1944. Il devient membre du Comité d’épuration de l’édition, structure dépendant du Comité National des Écrivains.

À la Libération, il entreprend plusieurs voyages à travers l'Europe. Le Quai d'Orsay souhaite faire sortir la France de l'isolement dans lequel elle s'est trouvée pendant la guerre, en missionnant à l'étranger des acteurs de la vie culturelle sous l'Occupation. Seghers va à Baden-Baden, Berlin, en Tchécoslovaquie, et en Hongrie. À son retour à Paris en 1946, Seghers considère qu'il s'est trompé. Il s’éloigne progressivement des positions du PCF. Sa récente adhésion au Parti communiste, donnée par solidarité avec ses compagnons de Résistance, est une erreur. Sa rupture avec le PCF le séparera un temps de ses amis de la Résistance restés fidèles au parti.

De ses voyages en Europe, puis en Égypte, au Liban et dans plusieurs colonies d'Afrique Noire, Seghers revient animé par la volonté d'ouvrir sa maison d'édition aux richesses insoupçonnées des poésies du monde. La collection Autour du monde a pour vocation d'explorer les terres inconnues de la poésie universelle.

Le succès des monographies de la collection Poètes d'aujourd'hui incite Seghers à créer d'autres collections au format identique.

La collection Melior avec de vastes anthologies reliées, offre le meilleur de la poésie universelle. Il crée en outre une collection de vulgarisation des savoirs qui va rencontrer une large audience parmi les universitaires : Clefs pour : Clefs pour la linguistique, Clefs pour le zen, Clefs pour le structuralisme, Clefs pour la psychologie, etc.

Au grand scandale parfois de ses contemporains, il fait entrer dès 1962 la chanson dans la collection Poètes d'aujourd'hui. Ainsi le n° 93 est consacré à Léo Ferré, le n° 99 à Georges Brassens, le n° 119 à Jacques Brel, le n° 121 à Charles Aznavour.

Seghers est lui-même auteur de nombreuses chansons. Les Gisants, Beauté, mon beau souci, Le Coeur félon, Les Amours légendaires, etc. À partir des années 1960, ses chansons sont interprétées par les grands noms de la chanson française. Par exemple, « Merde à Vauban » est mis en musique et interprété par Léo Ferré, et le « Voyou et la voyelle » est chanté par Juliette Gréco.

En 1969, Seghers vend sa maison d'édition et sa société de distribution L'Inter à son ami Robert Laffont que Louis Jou lui a présenté pendant la guerre. Libéré des responsabilités d'une maison d'édition et d'une société de distribution, Seghers peut ainsi se consacrer à ses travaux personnels.

En 1928, il épouse Anne Vernier, une amie de jeunesse,

Il se marie en seconde noce, en 1951, avec Véronique Blaise.

En 1968, Seghers épouse Colette Peugniez (1928-2016) rencontrée une première fois en 1945, de 22 ans sa cadette, qui lui donnera une fille l'année suivante (poète et écrivain ; elle publie deux biographies de son mari).

 

Sources

Wikipédia – Pierre Seghers

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – François Vignale

Publications

Bonne-Espérance, Éditions de la Tour, 1938

Pour les quatre saisons, revue Poésie 42, 1942

Le Chien de pique, Ides et Calendes, 1943,

Le Domaine public, Poésie 45, 1945,

Le Futur antérieur, Éditions de Minuit, 1947

Jeune fille, illustré par Félix Labisse, Éditions Seghers, 1947

Menaces de mort, La Presse à bras, 1948

Six Poèmes pour Véronique, Poésie 50, 1950

Le Cœur-Volant, Les Écrivains réunis, 1954

Les Pierres, Intercontinentale du Livre, 1958

Piranèse, Ides et Calendes, 1961

Dialogue, Éditions Seghers, 1965

Les Mots couverts, Éditeurs français réunis, 1970

Dis-moi, ma vie, André de Rache, 1972

Le Temps des merveilles, Éditions Seghers, 1978

Poèmes pour après, gravure d'Antoni Clavé, Pierre Fanlac éditeur, 1989

Derniers écrits, Fanlac, 2002

Comme une main qui se referme, Poèmes de la Résistance, Éditions Bruno Doucey, 2011

 

Chansons

Chansons et complaintes, tome I, Éditions Seghers, 1959

Chansons et complaintes, tome II, Éditions Seghers, 1961

Chansons et complaintes, tome III, Éditions Seghers, 1964

Douze chansons, Éditions Seghers, 1964

Honneurs

Commandeur de la Légion d’honneur

Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres

Officier de l’ordre de la Croix du Sud (Brésil)

Officier de l’ordre de la Couronne (Belgique)

La grande salle de la Maison de la Poésie de la Ville de Paris

Plaque commémorative au 228, boulevard Raspail, Paris, où il vécut de 1944 à 1987.

Médiathèque Pierre-Seghers à Igny (Essonne)

Médiathèque Pierre-Seghers à Saint-Pierre-du-Perray (Essonne)

Rue Pierre-Seghers à Villeneuve-lès-Avignon (Gard)

Rue Pierre-Seghers à Plaisir (Yvelines)

Rue Pierre-Seghers à Portes-lès-Valence (Drôme)

Rue Pierre-Seghers à Corbeil-Essonnes (Essonne)

Rue Pierre-Seghers à Domont (Val d'Oise)

Rue Pierre-Seghers à Ancenis (Loire-Atlantique)

Jardin Pierre-Seghers à Paris (20e arrondissement)

Square Pierre-Seghers à Lens (Pas-de-Calais)

Avenue Pierre-Seghers à Avignon (Vaucluse)

Impasse Pierre-Seghers à Carpentras (Vaucluse)

Allée Pierre-Seghers à La Roche-sur-Yon (Vendée)

Clos Pierre-Seghers à Guyancourt (Yvelines)