Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Camille-Ernest Labrousse (né à Barbezieux en Charente le 16 mars 1895 et mort à Paris le 23 mai 1988), fils d’un négociant en draps, après son baccalauréat, poursuit ses études en histoire à la Sorbonne.

Professeur, historien
Quitte le Pcf en 1925

Réformé en 1915, il accepte en 1916 un poste de professeur délégué au lycée de Rodez (1916-1917) puis au collège de Cognac (1917-1918).

Après la guerre, il s'inscrit à la faculté de droit de Paris en 1919 car son sujet de thèse, La législation sociale révolutionnaire de 1789 à l'an III, l'oblige à bifurquer vers la filière juridique. Toutefois, en 1926, il réoriente son travail, en revenant à l'histoire économique.

En 1911, il est secrétaire du Groupe d’études sociales de Barbezieux, qui s’affilie à la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) rebaptisée Fédération communiste anarchiste (FCA) dont il devient le secrétaire pour l’Ouest de la France avant de rejoindre à Paris, l’École de propagande de la FCA.

Il adhère à la SFIO en 1916.

En 1919, il reconstitue le groupe des Étudiants socialistes révolutionnaires et en assure le secrétariat. Il l’entraîne à la manifestation organisée le 6 avril par la Fédération socialiste SFIO et l’Union départementale des Syndicats confédérés de la Seine, en signe de protestation contre le verdict d’acquittement prononcé le 29 mars par le jury d’assises au bénéfice de Raoul Villain, l’assassin de Jaurès.

En 1920, après le Congrès de Tours, avec la majorité, il rejoint le PCF. En 1921 et 1922, il donne deux cours aux Écoles du Parti. Il collabore, en 1921, au Bulletin communiste. Il devient journaliste à L'Humanité.

En 1925, il retourne chez les socialistes.

Directeur de la Revue socialiste de 1946 à 1954, il dirige brièvement le cabinet de Léon Blum vice-président du conseil en 1948.

Il décide de se consacrer, à l'histoire économique. Publiée en 1933, son Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle réalise une mutation scientifique irréversible dans ce domaine, notamment par les règles rigoureuses qu'il impose à sa méthode de recherche.

A la Sorbonne après la guerre, il occupe la chaire d'histoire économique et sociale.

Labrousse publie en 1944 son ouvrage le plus célèbre, la Crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution. Il y démontre que l'histoire des prix est inséparable de l'histoire sociale car «le prix du pain est la boussole des fabriques». Cette étude fait ressortir l'enchaînement des crises de subsistance (qu'on qualifie de modèle de « crise classique » de l'Ancien Régime) mais aussi leurs répercussions sur l'industrie (par la variation de la demande et la pression en retour, à la baisse, sur le volume de l'emploi).

Labrousse a orienté durablement la recherche historique vers l'histoire sociale.

Il met au point un modèle d'analyse en trois paliers : économique, social et mental. Il est de fait l'inventeur de l'histoire sérielle et quantitative, méthode faisant appel à des outils statistiques qui a eu une grande influence en histoire économique. Labrousse a influencé de cette façon toute une génération de chercheurs en France et à l'étranger.

Ayant divisé la France en départements d'étude, il donne à ses étudiants un programme commun : étudier les évolutions économiques et sociales dans la perspective d'une explication de la vie politique. Parmi les thèses dirigées par Labrousse, on peut citer celles de :

Jean Bouvier (Naissance d’une banque : le Crédit lyonnais, 1961) ; Georges Dupeux (Aspects de l’histoire sociale et politique du Loir-et-Cher, 1962) ; Emmanuel Le Roy Ladurie, (Les paysans de Languedoc, 1966) ; Maurice Agulhon, (Pénitents et francs-maçons de l’ancienne Provence, 1968) : Michelle Perrot (Les ouvriers en grève. France 1871-1890, 1971) ; Jean-Claude Perrot, (Genèse d’une ville moderne. Caen au XVIIIe siècle, 1975).

En 1938, il rentre au Parti socialiste SFIO. Il participe à sa vie clandestine sous l’Occupation. En 1947, il prend la direction de La Revue socialiste. Il l’abandonne au 1954 en signe de protestation contre l’adhésion du Parti socialiste à l’idée de la Communauté européenne de défense (CED). Contre ce projet, Labrousse lutte de toute sa conviction et il est le véritable rédacteur du Manifeste d’Universitaires français condamnant le réarmement de l’Allemagne quelle qu’en soit la forme, « autonome » ou « européenne ». En 1958, Labrousse quitte la SFIO avec d’autres militants, par refus de cautionner son orientation politique générale et notamment la guerre menée en Algérie.

Il est un des fondateurs du Parti socialiste autonome (PSA) et siége à son Comité directeur provisoire. Deux ans plus tard, avec le PSA et d’autres composantes il participe à la formation du Parti socialiste unifié (PSU) dans lequel il milite quelques années.

En 1967 il quitte définitivement l'activité politique sans abandonner ni son idéal marxiste, ni la défense des droits de l'homme

Il reçoit en 1964 le titre de docteur honoris causa de l'université jagellonne de Cracovie.

Il est le premier président de la Société d'études jaurésiennes de 1959 à la fin de 1981.

Il succède en 1982 à Albert Soboul à la présidence des Annales historiques de la Révolution française, et assure cette charge jusqu'à sa mort.

En février 1979, il fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet, pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson2.

 

Sources

Wikipédia- Ernest Labrousse

Dictionnaire biographique du monde ouvrier - Justinien Raymond

Honneurs

Docteur honoris causa de l'université jagellonne de Cracovie

Grand prix Gobert (1945)

Prix Balzan (1979)

Publications

Esquisse du mouvement des prix et des revenus au XVIIIe siècle, 1933,

La crise de l’économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution, PUF (1944).

Histoire économique et sociale de la France, avec Fernand Braudel, PUF, 1979,