Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Stanislas Tomkiewicz (né à Varsovie (Pologne) en 1925, décédé à Paris le 5 mai 2003), d’un père industriel polonais, vit son enfance dans le ghetto de Varsovie.

En mai 1943 il parvient à s'échapper du train qui le conduit avec sa famille à Treblinka où ses parents seront gazés. Après une errance dans la Pologne occupée, il est déporté à Bergen-Belsen. Libéré par les américains qui le soignent du typhus, il émigre et arrive en France en 1946.

Sa révolte contre sa famille le conduit au bord du suicide en 1942. C’est le contact avec le psychiatre qui s’occupe de lui qui détermine sa vocation.

En France, atteint de la tuberculose, il rencontre au sanatorium où il est suivi, des communistes déportés et des anciens d'Espagne. Il adhère au PCF «sa première famille en France».

Le communisme et l'URSS lui paraissent le meilleur rempart contre le retour de l'horreur.

Il participe à la mise en place et au développement de l’accouchement sans douleur à la policlinique des Bluets, gérée par Union Syndicale CGT de la métallurgie.

Il se solidarise avec les signataires de la condamnation de la psychanalyse comme « science bourgeoise » interdite au plus pauvres, et pour la défense du service public de psychiatrie.

Externe en 1950, puis interne des hôpitaux de Paris, dans les services de neurologie et de psychiatrie de la Salpêtrière, de pédiatrie à Saint Vincent de Paul, il devient chef de clinique en pédiatrie puis en neuropsychiatrie infantile (1960-1965).

On lui refuse l'agrégation et la chaire de neuropsychiatrie infantile en 1966. «Tomkiewicz unit sur sa personne les tares d'être étranger, juif vendu non seulement à Moscou, mais carrément à Pékin. Son entrée dans le cadre hospitalo-universitaire serait un véritable désastre » répond le professeur Michaux, titulaire de la chaire de psychiatrie infantile, à la députée N. de Hautecloque intervenue en sa faveur.

Il fait alors une rupture avec le monde hospitalo-universitaire, redevient assistant dans les hôpitaux parisiens, à la Salpêtrière, à Saint Antoine, à Lariboisière, s'engage dans la prise en charge des enfants encéphalopathes les plus graves, à l'hôpital de Laroche-Guyon. Il devient en 1966 l'assistant du professeur Flavigny, spécialiste des adolescents déviants.

Dès 1962, il est chargé de cours à l'Institut de psychologie de l'université de Paris, puis chargé de recherche (1965), maître de recherche (1969) et directeur de recherche (1978) à l'INSERM dans l'unité « Santé mentale et déviance de l'enfant et de l'adolescent», puis professeur de psychopathologie à l'université de Vincennes.

Il publie en 1991, avec Pascal Vivet Aimer mal, châtier bien, livre de référence dans l'explication des causes de la violence institutionnelle. Il rejoint en 1969, le groupe Information sur les prisons de Michel Foucault, préside la section française de la Société internationale pour la défense des enfants maltraités, promeut l'œuvre du docteur Korsaczk, directeur d'un orphelinat du ghetto de Varsovie et participe à l'élaboration de la Convention Internationale des Droits de l'Enfants (1987).

Il est un des rares universitaires à apporter son soutien à la lutte du Livre Blanc de la psychiatrie qui va aboutir à la reconnaissance de la psychiatrie comme spécialité autonome par rapport à la neurologie.

Militant communiste au quotidien, il refuse toute responsabilité et se maintient sur une position «de déviation ultra gauchiste permanente» selon sa propre formule et d'entrisme trotskiste «pour maintenir le lien avec la classe ouvrière», même après la rupture symbolique que constitue pour lui, le vote communiste en faveur des pouvoirs spéciaux en Algérie en 1956. Il porte des valises pour le FLN, soutient les chinois de la Révolution culturelle contre la bureaucratie, anime un dispensaire pour les prisonniers algériens libérés en 1962, enquête sur la torture en Uruguay.

Tomkiewicz quitte sans bruit le Parti communiste en 1970 tout en maintenant une position de compagnon de route.

Au début des années 70, Tomkiewicz s'inscrit dans le mouvement de l'antipsychiatrie de

Franco Basaglia, en Italie. Il s'engage aussi dans le mouvement «Réseaux alternative à la psychiatrie », mouvement critique de toutes les institutions considérées comme répressives, qui entend promouvoir des milieux de vie alternatifs sur la base d'une idéologie rurale, libertaire, écologique et affective, et qui se propose de dépasser l’organisation en secteur de la psychiatrie.

En 1999 et en 2002, Tomkiewicz publie les deux volumes de son autobiographie : «L'adolescence volée» et «C'est la lutte finale etc...» décrivant le fil rouge de ses choix : « Je travaille avec des adolescents parce qu'on m'a volé mon adolescence... et Personne ne me fera regretter ma collaboration avec le FLN, pas plus que mon appartenance au Parti communiste. Sans erreurs de ce genre de la part d'individus comme moi, l'histoire n'avancerait guère. Il est si facile de trouver dans la peur de se tromper, la justification a postériori de son refus d'entrer dans la lutte».

Il est marié avec la fille d’une rescapée d’Hiroshima et devient président de l’Association française des médecins contre la guerre nucléaire.

 

Sources

Psychiatrie, psychanalyse et communisme, site : bdr.parisnanterre.fr

Oeuvres

Le développement biologique de l'enfant, PUF, 1968,

Le travail social contre qui ? Dossier du groupe d'information des travailleurs sociaux, Ed. Solin, 1974,

La prison c'est dehors, en collaboration avec S.Finder J. Martin, C. Zeiler, Ed. Delachaux et Niestlé, 1979,

Préface à l'ouvrage de Janus Korczak, Ed. R.Laffont, 1979.

Aimer mal, chatier bien, en collaboration avec P. Vivet, 1991.

L'adolescence volée, Calmann-Lévy 1999

C'est la lutte finale etc. Ed. La Martinière, 2003.