Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

André Glucksmann (né à Boulogne-Billancourt (Hauts de Seine) le 19 juin 1937, mort à Paris le 9 novembre 2015), suit des études secondaires au lycée scientifique et technologique La Martinière, à Lyon.

Philosophe
Exclu de l'UEC en 1956

Sa mère, Martha Bass (1903-1973) est née à Prague, dans ce qui était alors l'Empire austro-hongrois. Son père, Rubin Glucksmann (1889-1940), est originaire de Czernowitz, au nord de la Bucovine, région jadis roumaine (actuellement en Ukraine). Militants sionistes de gauche, ses parents choisissent, d'émigrer en Palestine au cours des années 1920. Martha travaille un temps dans un kibboutz puis à Jérusalem, comme cuisinière. Son père travaille comme ouvrier à la construction de routes. Déçus par le sionisme, les deux jeunes gens adhèrent en 1923 au Parti communiste palestinien. Leurs filles Eliza et Miriam naissent à Jérusalem en 1924 et 1928. Vers la fin de la décennie, Rubin est recruté par les services secrets soviétiques, et dès 1930, sur ordre du Komintern, le couple quitte la Palestine pour s'installer à Hambourg (Allemagne), où Rubin, devient officiellement agent d'assurance. Sa situation devient dangereuse, après la prise du pouvoir par Hitler en 1933. En 1935, apprenant qu'ils sont recherchés par la Gestapo, les Glucksmann s'enfuient en France et s'installent à Boulogne-Billancourt. Rubin est alors employé par la Wostwag, une société écran du Komintern, dont l'une des activités principales est de fournir du matériel aux Républicains espagnols.

Peu après la naissance de André, son père part travailler à Londres, toujours pour le compte des soviétiques. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Rubin est arrêté et interné comme beaucoup d'autres immigrants par les autorités anglaises. Il meurt le 2 juillet 1940 dans le naufrage du SS Arandora Star, qui l'emmène au Canada pour y être interné comme «agent ennemi».

Après l'invasion de la France par l'armée allemande et l'occupation de la zone nord, Martha Glucksmann gagne la zone libre avec ses trois enfants et rejoint la Résistance. En 1941, la famille est internée dans le camp militaire de Bourg-Lastic, près de Clermont-Ferrand, d'où elle doit être déportée en Allemagne ; mais Martha, pressentant le drame, suscite la rébellion dans le camp, si bien que les autorités préfèrent la libérer avec ses enfants pour éviter la contagion de cette rébellion. Après la guerre, elle se remarie avec Paul Kessler, un cadre du Parti communiste autrichien, et restera jusqu'à sa mort en 1973, étroitement liée au Parti communiste.

Dès 1950, en falsifiant son âge, André Glucksmann adhère aux Jeunesses communistes.

A partir de 1956, il milite à l'Union des étudiants communistes (UEC). Il y défend, au nom du cercle des élèves communistes des classes préparatoires du lycée Henri IV, une «position dissidente», demandant que l'UEC soit indépendante du parti et ne s’aligne pas nécessairement sur ses positions. Quelques mois plus tard, il en est exclu (1956).

Reçu à l'agrégation de philosophie en 1961, il est nommé professeur au lycée de jeunes filles Juliette Récamier, à Lyon, où il enseigne quelques années.

En janvier 1964, il achève un essai sur le western, qui paraîtra deux ans plus tard sous le titre « Les aventures de la tragédie » dans Le Western.

En 1966, il entre comme attaché de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Au cours des deux années suivantes, il suivra de manière plus ou moins régulière les séminaires de Jacques Lacan et de Raymond Aron.

Dans le numéro de mars 1967 des Temps modernes, il publie, sous le titre « Un structuralisme ventriloque », une analyse très critique des travaux de Louis Althusser sur Marx.

 

Il rejoint, en 1968, le groupe gauchiste Action et devient un inconditionnel de la Chine du président Mao. De 1968 à 1974, il est ardent défenseur de la Révolution culturelle chinoise, et s'oppose physiquement au sein de la Gauche prolétarienne (GP), aux militants du PCF, qu'il qualifie de révisionnistes bourgeois,.

Le 15 janvier 1971, alors qu'Alain Geismar est emprisonné, André Glucksmann prend la direction du nouveau journal J'accuse (mensuel), avec le soutien de Jean-Paul Sartre.

Dans un article de mai 1972 dans la revue Les Temps modernes, Glucksmann qualifie la France de « dictature fasciste ».

Le 4 mars 1974, Glucksmann, auquel son ami Maurice Clavel a fait découvrir depuis peu Alexandre Soljenitsyne et son Archipel du Goulag, publie dans Le Nouvel Observateur un article titré : « Le marxisme rend sourd ».

En 1975, il fait paraître La Cuisinière et le mangeur d'hommes, dans lequel il établit un parallèle entre le nazisme et le communisme.

 

Le 26 janvier 1977, il signe avec d'autres intellectuels un communiqué, publié dans Le Monde, qui demande la libération d'un certain nombre d'adultes accusés d'actes pédophiles sur des mineurs de moins de 15 ans.

André Glucksmann rompt avec le marxisme lorsqu'il devient le pilier des nouveaux philosophes, en publiant Les Maîtres penseurs puis en militant en faveur des dissidents soviétiques et des opposants des pays de l’Est.

Lors de l'élection présidentielle de 1981, André Glucksmann et Bernard Kouchner apportent leur soutien à la candidature de Marie-France Garaud, ex-influente conseillère du président Georges Pompidou, qui dispute les voix gaullistes à Jacques Chirac, finalement éliminé dès le 1er tour.

En 1989, il couvre pour plusieurs organes de presse la chute du Mur de Berlin.

Aux élections européennes de 1994, il figure sur la liste L'Europe commence à Sarajevo présentée par Bernard-Henri Lévy ; la liste obtient 1,57 % des suffrages exprimés.

En 2006, dans Une rage d’enfant, faisant œuvre de biographe, il explique les ressorts de son style et de son action, toujours marqués de colère, face aux misères du monde.

Lors de l'élection présidentielle de 2007, dans une tribune publiée dans Le Monde sous le titre « Pourquoi je choisis Nicolas Sarkozy », il apporte son soutien au candidat de la droite.

A l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il rencontre Christine Lecocq-Buci, qu'il épouse le 18 décembre 1958. Ils divorceront en mai 1974. En mars 1981, il épouse Françoise Villette, avec laquelle il a un fils, Raphaël.

 

Sources

Wikipédia – André Glucksmann

André Glucksmann, la ferveur et l'engagement, Le Figaro, 10/112015

Honneurs

Officier de la Légion d'honneur‎ - 15 avril 2009

Prix Auschwitz pour les droits de l’homme – Jean-Paul II, remis par le pape Benoît XVI le 9 décembre 2009.

Publications

Un structuralisme ventriloque, Les Temps modernes, n° 250, mars 1967, p. 1557-1598.

Le Discours de la guerre, théorie et stratégie, L'Herne, 1967.

La Cuisinière et le mangeur d'hommes - Essai sur les rapports entre l'État, le marxisme et les camps de concentration, Le Seuil, 1975.

Les Maîtres penseurs, Grasset, 1977.

La Fêlure du monde: Éthique et sida, Flammarion, 1993.

De Gaulle où es-tu ?, Jean-Claude Lattès, 1995.

La Troisième Mort de Dieu, Nil éditions, 2000.

Dostoïevski à Manhattan, Robert Laffont, 2002.

Le Discours de la haine, Plon, 2004.

Une rage d'enfant, Plon, 2006.

Voltaire contre-attaque, Robert Laffont, 2014.