Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Jacques Monod (né à Paris le 9 février 1910 mort à Cannes (Alpes-Maritimes) le 31 mai 1976), issu d’une grande famille de la bourgeoisie protestante d’origine suisse (dans laquelle les carrières médicales et savantes étaient nombreuses), après son baccalauréat en philosophie en 1928, s’engage dans des études de sciences à la Faculté de Paris.

Prix Nobel
Communiste de 1943 à 1945

Son père, Lucien Monod, malgré de fortes oppositions familiales, a suivi sa vocation artistique, et a acquis, après des débuts difficiles, une bonne réputation de peintre. Veuf très jeune, Lucien Monod épouse en secondes noces Charlotte Todd Mc Gregor, Américaine, avec laquelle il aura trois enfants : Robert, Philippe et Jacques. Il s’installe, avec sa famille, à Cannes, après la Première Guerre Mondiale.

Dreyfusard dans sa jeunesse, Lucien Monod adhère à la SFIO, et soutient en 1920 l’adhésion à l’Internationale communiste.

C’est donc dans un milieu artistique, cosmopolite et politisé que Jacques Monod grandit.

Bénéficiant d’une bourse Commercy (1932-1934), il travaille au Laboratoire d’évolution des êtres organisés. En 1934, il rejoint, le laboratoire de zoologie de Charles Pérez, où il reste associé jusqu’en 1945 : d’abord comme assistant (1934-1941), puis, une fois soutenue sa thèse sur la croissance bactérienne (1941), comme boursier de recherche CNRS (1941-1943) et, enfin, comme chargé de recherche (1943-1945).

Au cours des années 1930, Jacques Monod est associé au cercle des biologistes très internationalisés et attentifs au développement de la génétique, science encore peu connue et peu développée en France.

A la fin des années 1930, il se rapproche des milieux intellectuels communistes et collabore aux premiers numéros de la revue La Pensée, lancée par le PCF, y publiant deux notes d’actualité scientifique (sur la génétique). Dès l’hiver 1940, il entre en contact avec des organisations clandestines. Il est lié au groupe dit du « Musée de l’homme », peu de temps, juste avant que le réseau ne soit démantelé (début 1941). Arrêté lui-même par la police française, il est interrogé par la Gestapo, mais vite relâché faute de preuves. Fin 1941, il renoue avec la Résistance et participe au Front national universitaire (FNU). Il est alors chargé de l’organisation du recrutement et de l’édition du journal du mouvement. En 1943, il adhère au PCF, et, rejoint le mouvement des FTP. En 1944, il est, délégué FTP à l’État-major des FFI, et devient le chef du 3e bureau (Opérations). Il contribue alors à la formation de réseaux de renseignement et de communication entre Paris et Londres. À la Libération, il entre dans l’État-major de Rol-Tanguy. Envoyé auprès du général de Lattre de Tassigny, il s’occupe des problèmes posés par l’intégration des FFI à la Première Armée, et, à ce titre, prend part aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne.

Fin 1945, Monod quitte le PCF et se consacre à la recherche.

En septembre, il est détaché à l’Institut Pasteur. Il y est associé au service d’André Lwoff, d’abord comme chef de laboratoire (1945-1953), puis devient chef du service de physiologie microbienne et, à partir de 1954, est directeur du service de biochimie cellulaire.

C’est dans le cadre de l’Institut Pasteur que Monod mène ses principales recherches, notamment celles en collaboration avec François Jacob et André Lwoff sur la régulation génétique de la synthèse des enzymes et des virus, qui leur vaudront à tous trois, le Prix Nobel de physiologie ou de médecine, en 1965. Leurs recherches établissent que l’ADN est le point de départ des réactions biochimiques qui, par l’intermédiaire de l’ARN, produisent les protéines nécessaires à la vie des cellules. Pour Monod, l’ADN a le rôle primordial d'un centre de commande dans le métabolisme cellulaire.

Monod est nommé professeur au Collège de France (chaire de biologie moléculaire), après avoir occupé, à partir de 1959, la chaire de chimie du métabolisme, à la Faculté des sciences de Paris.

En 1966, il porte, avec notamment François Jacob, le projet de création d'un centre de recherche spécialisé en biologie moléculaire. Cet institut adoptera en 1982, le nom d'Institut Jacques-Monod.

En 1971, il renonce à son enseignement au Collège de France, pour assurer la direction de l’Institut Pasteur, à un moment où les difficultés financières rendent nécessaires une rénovation. Il prend alors une série de mesures controversées (restriction du personnel, fermeture de laboratoires, délocalisation à Garches, par exemple), et, au sein de cet Institut dédié initialement à la recherche appliquée, s’efforce de développer la recherche fondamentale (immunologie, neurobiologie).

Durant toute cette période d’intense activité scientifique, Monod reste un savant engagé. Il est un ardent défenseur des droits de l’homme. Il exprime son soutien aux époux Rosenberg, il apporte son aide aux dissidents de l’URSS et des pays de l’Est, et organise même l’évasion en France de la biologiste hongroise Agnès Ullmann, en 1959. Il prend position contre la guerre d’Algérie. En 1972, Monod témoigne, en tant qu'expert, au procès de Bobigny (procès d'un avortement, alors interdit par la législation française) en faveur des accusées.

En 1965, il devient co-président d’honneur du mouvement en faveur du planning familial.

Bien qu’il n’étant plus membre du PCF, Monod suit avec une grande attention l’affaire Lyssenko et prend publiquement position en condamnant radicalement les thèses lyssenkistes, Il souligne alors « la mortelle déchéance dans laquelle est tombée, en URSS, la pensée socialiste » : « On ne voit pas qu’il soit possible d’échapper à cette conclusion si grave, si douloureuse pour quiconque a, pendant longtemps, mis tout son espoir dans l’avènement du socialisme en Russie comme première étape de son triomphe dans le monde ».

En 1970, il publie Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Son ambition est de définir une nouvelle philosophie naturelle, conforme aux apports récents de la génétique et de la biologie moléculaire. Cet ouvrage a un fort retentissement, en France et à l’étranger, notamment dans les milieux chrétiens et marxistes de l’époque.

Monod est titulaire de la Croix de Guerre et chevalier de la Légion d’honneur pour faits de résistance, ainsi que de nombreux prix scientifiques, français et internationaux.

En 1938, il épouse Odette Bruhl, qui deviendra conservatrice au Musée Guimet et avec laquelle il a deux fils jumeaux, en 1939.

 

Sources

Dictionnaire biographique du monde ouvrier – Jacques Monod - Isabelle Gouarné

Wikipédia – Jacques Monod

Publications

Le Hasard et la Nécessité : essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Le Seuil, 1970,

Épistémologie et marxisme, avec Maurice Caveing, Francis Halbwachs, Jacques Roger, Union générale d'éditions, 1972,

Cinquantième anniversaire de la vie scientifique du professeur André Lwoff, prix Nobel, Institut Pasteur, 1971.

Honneurs

Croix de guerre en 1945.

Médaille de la Résistance en 1945.

Bronze star medal de l'armée américaine.

Chevalier de l'ordre des palmes académiques en 1961.

Officier de la Légion d'honneur en 1963.

Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1965.

 

Les établissements suivants portent le nom de Jacques Monod :

L'Institut Jacques-Monod de l'université de Paris et du CNRS, groupe hospitalier du Havre au Havre, un hôpital à Flers (Orne).

Des lycées généraux-technologiques à Saint-Jean-de-Braye (Loiret), à Lescar (Béarn), à Clamart (Hauts-de-Seine) et à Paris.

Des collèges d'enseignement général à Caen (Calvados), Le Havre (Seine-Maritime), Compiègne (Oise), Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), Laval (Mayenne), Ludres (Meurthe-et-Moselle), aux Pennes Mirabeau (Bouches-du-Rhône), Pérenchies (Nord), Villeparisis (Seine-et-Marne) ainsi qu'à Clamart.

Le « boulevard Professeur-Jacques-Monod est le nom d'une partie du boulevard périphérique de Nantes

Il existe une allée-Jacques-Monod à Saint-Priest

Il existe une rue Jacques-Monod à Lyon dans le 7e arrondissement, dans le quartier de Gerland. Ce quartier est notamment connu pour ses laboratoires et sociétés pharmaceutiques.

Un bâtiment porte son nom sur le campus de l'Institut Pasteur de Paris.

Il est nommé président du Centre Royaumont pour une Science de l'Homme

En, 1987, un timbre français lui est consacré dans la série Personnages célèbres, aux côtés de Charles Richet, Eugène Jamot, Jean Rostand, Bernard Halpern et Alexandre Yersin.