Michel Sapir (né à Moscou le 8 mai 1915, décédé à Paris le 11 janvier 2002), après l’obtention du Baccalauréat obtenu au lycée français de Varsovie (Pologne), émigre en France en 1934, pour faire sa médecine, tout en étant auditeur à l’Institut de psychanalyse.
Les biens de sa famille sont confisqués par les bolcheviques, ce qui conduit ses parents à l’exil vers la Pologne, en 1920.
Présent à Paris, lors des évènements du 6 février 1934, Michel Sapir adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et au mouvement Amsterdam-Pleyel, et partage l’espoir du Front populaire en contradiction avec l’antibolchevisme de sa famille.
Naturalisé en 1937, il fait fonction d’interne dans les hôpitaux parisiens.
Il refuse de porter l’étoile jaune et se réfugie en zone-sud, en 1942, accueilli par son ami Jacques Prévert, dont il restera proche toute sa vie. Résistant, engagé dans « Combat », il rejoint la Résistance communiste. Devenu le Commandant d’Artois, il participe à la libération de Nice, et devient secrétaire régional du Front national pour la libération de la France. Il refuse un poste de préfet dans les Alpes Maritimes et poursuit le combat comme responsable d’une antenne médicale des FFI sur le front des « poches de l'Atlantique » dont celle de Royan, jusqu’à la capitulation de l’Allemagne.
En 1944, il adhère au PCF.
La typhoïde l’empêche de passer le concours de l’internat de médecine des Hôpitaux de Paris. Il devient médecin hospitalier, spécialiste de l’hypertension à l’hôpital Rothschild et à l’hôpital de Villejuif, où il se lie avec Louis Le Guillant et les psychiatres communistes rénovateurs. Il reste médecin hospitalier jusqu’en 1981, et participe avec Alexandre Minkovski à la création de la première consultation de psychiatrie en hôpital général dans les années 1950. Il soutient le développement de l’accouchement sans douleur.
Il consulte au centre de santé municipal de Malakoff (Hauts de Seine) et dans un établissement pour mineurs silicosés dans les Alpes-Maritimes.
Bien qu’informé d’un certain nombre de problèmes existant en URSS, Sapir reste au PCF. Il se dit « stalinien sans Staline, sans mettre en doute la théorie marxiste, ni la place de Staline au cœur du monde révolutionnaire ».
Le « Complot des blouses blanches » en 1953, le conflit qui oppose les médecins communistes à la direction du PCF concernant la légalisation de la contraception, les ambiguïtés de la « déstalinisation française » et le soutien à l’intervention de l’URSS en Hongrie par le PCF, l’amènent à la rupture. Il est exclu en 1958, après sa participation à la fondation du Parti socialiste autonome (PSA qui deviendra le PSU) dans l’espoir « sinon de mobiliser le PC du moins de lui poser des questions qui l’aident à sortir du stalinisme attardé où il s’enlisait ». Il abandonne ensuite tout engagement politique.
Gastroentérologue de formation, il commence une analyse à la fin des années 1950 et se tourne définitivement vers la psychanalyse dans les années 1960. En 1959, il fonde avec Léon Chertok et Pierre Aboulker la Société de médecine psychosomatique, et la Revue de médecine psychosomatique (1956) puis la Société de psychologie médicale. Il développe une méthode originale de relaxation inspirée de pratiques venue de différents pays et de la psychanalyse.
Sapir consacre une large partie de son travail dans les années 1970 et 80 à la formation des médecins et du personnel soignant, thème auquel il consacre de nombreuses publications.
En 1998, il témoigne de son parcours dans une autobiographie Du côté de chez Marx ...du côté de chez Freud...
C'est dans la clandestinité qu'il rencontre Marie-Thérèse Roubaud qu'il épouse après guerre et avec laquelle il aura en 1954, un fils, l'économiste Jacques Sapir.
Sources
Psychiatrie, psychanalyse et communisme - Essai de sociobiographie des psychiatres communistes (1924 – 1985), Danielle Papiau, Université Paris Nanterre