Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Pierre Celor (né le 19 avril 1902 à Tulle (Corrèze), mort à Paris le 6 avril 1957), suit les cours de l’école primaire jusqu’à ses treize ans.

Comptable, Membre du BP
Exclu en 1932

Fils de Pierre Celor, ouvrier coiffeur mort en 1916 des suites de blessures de guerre et de Marie-Antoinette Bournel morte en 1914 au Maroc, Pierre Celor est recueilli par un oncle ancien agent de police.

À sa sortie de l’école primaire en 1915, Celor commence à travailler aux chemins de fer, à Paris aux Ateliers du Champ de Mars et y reste jusqu’en 1917. Il suit pendant un an des cours du soir de comptabilité puis entre à la maison Saint-Frères. À la fin de 1920, il est envoyé par cette entreprise comme sous-directeur et comptable de la succursale au Maroc. Il est contre la guerre du Rif et est licencié et expulsé. Il rentre à Paris dans la maison Haïk en 1925 puis la quitte en août de la même année pour devenir permanent du PCF.

Il adhère, en 1923, au PCF et participe à son organisation à Casablanca où il devient secrétaire en 1924, s’efforçant d’assurer les liaisons avec les « nationaux révolutionnaires ». La police le soupçonne d’être avec deux autres Français, Alamy et Pinet, à l’origine de la diffusion de tracts communistes glorifiant Abd-el-Krim et réclamant l’évacuation du Maroc.

Alors qu’il est militaire, il est expulsé en 1925. Dans son autobiographie Celor exposait ainsi cet épisode : de santé précaire (il subit en 1927 l’ablation du rein gauche), il est ajourné trois fois, avant d’être affecté en 1925 à la 32e section des infirmiers militaires à Casablanca. Mais la police ayant intercepté sa correspondance, il est mis en cellule pendant un mois. Il en sort pour être ramené en France, l’autorité militaire le considérant comme « nuisant à la sécurité du corps d’occupation » ; il est alors réformé. De retour à Paris, le PCF le renvoie en Algérie pour reprendre l’organisation de la lutte contre la guerre coloniale, après avoir suivi à Paris l’école de huit jours des Jeunesses communistes pour les «techniciens antimilitaristes illégaux».

En liaison avec Jacques Doriot, il assure le travail illégal et la liaison avec les nationalistes à Oran, Orléansville, Tlemcen. Au début de 1926, ayant perdu sa situation professionnelle, il est désigné par le bureau politique du PCF comme secrétaire de la section coloniale près du Comité central.

Devenu permanent politique à Paris, Celor siége à la direction des Jeunesses communistes. Il entre à la commission centrale coloniale du PCF, comme responsable de la documentation. Les Cahiers du bolchevisme publient le 21 janvier 1926, un article de Celor, intitulé Les travailleurs coloniaux en France.

Il est alors fréquemment invité aux réunions du BP consacrées aux questions coloniales. À la section coloniale, il fait exclure les « colonialistes » du Parti et permet à des «indigènes» d’accéder à la direction. Il est confirmé dans ses fonctions lors du congrès de Lille. Il écrit également dans l’Humanité sur les questions militaires et coloniales.

En l’absence d’Henri Barbé, les Jeunesses communistes sont dirigées par André Ferrat, Henri Lozeray et Celor.

Manouilski, secrétaire du Komintern, désireux de s’appuyer sur la jeune génération pour renouveler la direction du Parti et appliquer la nouvelle politique « classe contre classe », donne rendez-vous secrètement à ces trois militants, dans les jardins du Luxembourg, à l’automne 1927. Il leur fait comprendre l’espoir que plaçait le Komintern dans les cadres des JC. Ceux-ci y voient un encouragement supplémentaire à la coordination de leur travail dans le PC.

Après un séjour à l’hôpital Saint-Louis vers novembre-décembre 1927, pour soigner une atteinte de tuberculose, Celor entre dans les organes de direction. Il explique en ces termes cette affectation : « Après le 9e Exécutif, sur la base de ma participation à la fixation de la tactique «classe contre classe», je suis désigné collaborateur du secrétariat du Parti. Fin 1928, je suis coopté au BP provisoire qui prépare le 6e congrès : responsable du travail militaire, de l’autodéfense, de la liaison avec les Jeunesses communistes. »

Il siége donc au BP et est nommé conseiller technique chargé du travail antimilitariste ainsi que de la liaison avec les Jeunesses communistes, auprès du secrétariat.

Le BP du 15 mars 1928 le charge des rapports avec les « illégaux » et du renforcement du secrétariat avec pour mandat d’assurer la liaison avec les sections du CC.

Du 17 juillet au 2 septembre 1928, Celor fait partie de la délégation qui se rend à Moscou pour assister au VIe congrès de la IIIe Internationale.

La commission française de l’IC souhaite la constitution d’un BP composé de : Semard*, Thorez, Frachon , Cachin , Racamond, Monmousseau, Ferrat, Midol, Celor et Jacques Doriot. Celor prolonge son séjour en URSS jusqu’à la fin novembre pour suivre un traitement dans un sanatorium. Le 6e congrès du PCF, réuni du 31 mars au 7 avril 1929 à Saint-Denis, l’élit au CC. Il appartient au BP et au Secrétariat du BP avec Henri Barbé, Frachon et Thorez.

Celor est recherché par la police. A la réunion clandestine du Comité central à Achères, la police intervient, mais la quinzaine de militants recherchés (dont Celor) peut s’enfuir ; seul Thorez caché dans un placard est arrêté.

Celor est recherché pendant dix mois par la police mais remplit dans l’illégalité les fonctions de membre du secrétariat. Le bureau politique le désigne comme « responsable politique du service secret du Parti ». Il est désigné en août 1930 comme secrétaire à l’organisation de la région parisienne jusqu’à mi-1931.

Henri Barbé et Celor font partie du « groupe des jeunes » de la JC et agissent « au nom de la base » sans attendre l’accord des organismes réguliers de direction. À partir du début de l’année 1930, l’Internationale communiste s’inquiète du recul de l’implantation du PCF et de la perte de lecteurs de la presse communiste. Elle charge Henri Barbé et Thorez de modifier radicalement la situation du PCF. Signe de la perte d’influence de Celor, son nom disparaît de la liste du BP désigné par le Comité central des 17 et 18 juillet 1930. Cependant Henri Barbé et l’Humanité le présentent comme membre de cette instance en juillet 1931. Celor fait même partie, avec Henri Barbé, Thorez et Frachon, de la délégation française au 11e plénum du Comité exécutif de l’Internationale (avril 1931) où sont critiquées les insuffisances du Parti communiste français.

En juillet 1931, Manouilski de l’Internationale vient en France, et fait une enquête sur les «agissements fractionnels» du noyau de la Jeunesse communste. L’affaire Barbé-Celor commence.

Celor n’assiste pas à la réunion du BP durant laquelle Raymond Guyot fait son autocritique en dénonçant le groupe. Celor refuse de faire son autocritique malgré les sollicitations du PCF, de l’IC et, semble-t-il, d’Henri Barbé lui-même. Barbé et Celor sont interrogés à Moscou, à partir d’octobre 1931, par une commission d’enquête chargée de découvrir un indicateur de police dans le « groupe ».

Le comité central du PCF, réuni les 2, 3 et 4 décembre entend les rapports de Marty et de Duclos et, relève Celor de ses fonctions nationales et internationales. Il est ainsi exclu du BN, blâmé publiquement, relevé de sa délégation à l’IC, relevé de sa candidature au Présidium de l’IC et de celle au Secrétariat politique de la CE de l’IC.

Avant son exclusion, Celor est donc resté de 1929 à 1931, il est l'un des quatre secrétaires du Comité Central, aux côtés de Maurice Thorez et Henri Barbé,

À Moscou les accusations contre lui se précisent à partir de la réunion d’un « collège d’enquête », le 8 mars 1932, en présence de Havez, responsable des services de sécurité du PCF, et de Henri Barbé. Il est accusé de liaison avec les services de police. Selon le témoignage de son épouse, Celor se voit d’abord proposer d’aller à l’École léniniste internationale pour se racheter, puis, devant son refus et sa volonté de retourner en France, les Soviétiques conservent son passeport. Il tente une démarche auprès de l’ambassade de France qui lui aurait fait des offres inacceptables. Sa famille lui envoie des papiers. Louise et Pierre Celor arrivent en France le 8 octobre 1932. La veille, le Parti communiste a annoncé son exclusion. L’Humanité publie, du 8 au 12 octobre, une série d’articles consacrés au « traître Celor » ; « En 1925, en pleine guerre du Rif, Celor, qui à cette époque était soldat au Maroc, fut arrêté avec des tracts contre la guerre et d’autres documents du Parti. Interrogé, pour sauver sa peau, il a vendu le groupe communiste de Casablanca. En récompense, il fut libéré sans aucune inculpation, ni poursuite et, en même temps, chose bizarre, il fut aussi libéré du service militaire. »

De retour en France, Celor entre aux Établissements Cauvin  Yvose, fin 1933, où il finira chef de service.

Il n’a aucune activité politique de 1932 à 1941 et rejoint après février 1941 le Rassemblement national populaire de Marcel Déat et siége à son comité central.

Le 9 septembre 1942, le Cri du Peuple publie un article annonçant son adhésion au Parti populaire français (PPF). Le bureau politique le coopte et le désigne comme secrétaire adjoint chargé des problèmes corporatifs. Il dirige alors l'école S4, chargée de former les futurs cadres politiques que Doriot rêve d'implanter clandestinement dans la France libérée, en inversant le modèle de la Résistance.

Il part le 19 août 1944 à Neustadt (Allemagne). Arrêté en Italie en 1945 et renvoyé en France, il est condamné le 16 décembre 1947 à sept ans de travaux forcés par la Haute cour de justice. Après deux années, il est gracié le 14 juillet 1949. Il trouve un emploi de comptable en 1950, après sa remise en liberté.

Celor travaille alors à la revue Est et Ouest,  dans le centre de documentation anticommuniste le BEIPI (où il retrouve Henri Barbé). Leur évolution politique, leur conversion au catholicisme intégriste les rapprochent.

Celor meurt à l’âge de cinquante-cinq ans, le 6 avril 1957.

Celor se marie, jeune, avec Anna Grinblat puis divorce et se remarie en 1929 avec « la camarade Vera, une communiste polonaise » ; il s’agissait d’un mariage blanc pour légalisation. Enfin, il vit avec Marthe Louise Lacorne qu’il épouse et qui reste sa compagne jusqu’à sa mort.

 

Sources :

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – Pierre Celor, notice de Claude Pennetier,

Wikipédia – Pierre Celor

Histoire intérieure du parti communiste, T4, Philippe Robrieux, Fayard.

Responsabilités aux PCF

Membre du Comité Central ; 1929-1931

Membre du Bureau Politique : 1828 - 1931